
Région du whisky de Campbeltown : La capitale miraculée - Gloire, déclin et essor - Guide expert
Campbeltown est reconnue comme la capitale historique du whisky écossais. Cet ancien bourg royal, situé sur la péninsule de Kintyre, comptait une vingtaine de distilleries il y a un siècle.
Avant d'être consacrée comme l'une des régions du whisky (la plus petite avec Islay), Campbeltown était une modeste ville du Council d'Argyll & Bute, précédemment nommée Kinlochkilkerran avant sa rebaptisation au début du XVIIe siècle. Sa position géographique était historiquement stratégique pour l'industrie de la pêche au hareng durant le XIXe siècle.
L'âge d'or de Campbeltown : Facteurs de succès et essor
Conditions géographiques et logistiques favorables
Au début du XIXe siècle, l'essor de la distillation légale fut encouragé par le Duc d'Argyll, propriétaire foncier de la région, qui transforma Cosshill Loch en un réservoir capable d'assurer l'approvisionnement en eau douce. L'établissement de navettes par bateaux à vapeur vers Glasgow, combiné à l'accès aisé au charbon, à l'orge et à la tourbe, fit de Campbeltown un site d'implantation idéal pour les distillateurs.
Le pic de production et le début du déclin qualitatif
En l'espace de vingt ans, à partir de 1823, 29 distilleries furent créées à Campbeltown. Paradoxalement, cette expansion fut la cause de son propre déclin, car la production de whiskies de qualité médiocre par certains distillateurs finit par discréditer la réputation de l'appellation.
Le Déclin industriel : Facteurs économiques et changements de goût
Crise multiple et fuite des assembleurs (Blenders)
La région fut frappée par une conjoncture catastrophique : la Prohibition américaine porta un coup fatal au commerce établi avec les États-Unis. La récession économique mondiale et la fermeture de la mine de charbon de Drumlemble vers 1920 aggravèrent la situation. Ces facteurs incitèrent les Blenders (assembleurs) à se tourner vers la région du Speyside, jouissant alors d'une meilleure réputation et d'un profil aromatique plus doux.
Obsolescence du style tourbé et chute drastique
La mode du whisky tourbé déclina au profit des malts plus doux du Speyside. La fin de l'industrie de la pêche au hareng, cumulée à celle du whisky, signa progressivement l'arrêt de mort de la région. En 1925, seule une douzaine de distilleries subsistait. Dix ans plus tard, seules Springbank et Glen Scotia restaient opérationnelles, survivant péniblement avec de longues périodes d'inactivité.
La renaissance moderne : L'action de la famille Mitchell et les projets futurs
Le rôle salvateur de la famille Mitchell
La réouverture en 2004 de la distillerie Glengyle, propriété de la famille Mitchell (également propriétaire de Springbank), fut l'événement clé de la renaissance de Campbeltown. Cette famille détient désormais deux des trois distilleries survivantes de la région, assurant ainsi le maintien de Campbeltown sur la carte des régions du whisky. La présence de l'industrie des énergies renouvelables apporte par ailleurs un nouveau souffle économique général à la ville, contribuant à son attractivité globale.
Nouveaux projets de distilleries et perspectives
Prochainement, plusieurs nouveaux projets devraient redynamiser la production historique de la région :
> Distillerie Machrihanish (R & B Distillers) : Ce projet, ayant obtenu l'approbation complète, est actuellement en phase de construction active sur l'emplacement de Dhurrie Farm. Le démarrage de la production est anticipé pour fin 2025 ou 2026. La capacité de production est estimée à 400 000 litres d'alcool pur par an.
> Distillerie Dál Riata (North Star Spirits) : Toujours en cours de développement, ce projet prévoit de bâtir Dál Riata au-dessus de Campbeltown Loch. La capacité de production est estimée à 850 000 litres d'alcool pur par an. Son nom fait référence à l'ancien royaume Gaël.
> The Old Campbeltown Distillery (South Star Spirits) : Un troisième projet notable de réhabilitation, illustrant le fort regain d'intérêt pour l'appellation Campbeltown.










