Lagavulin, distillerie d'Écosse

Fondée en 1742 sur la côte sud d'Islay, nommée Kildalton, et située entre les distilleries Ardbeg et Laphroaig, la distillation légale débute à Lagavulin en 1816 avec John Johnston, la même année que la distillerie Bowmore.

Une distillerie jumelle nommée Ardmore, achetée par la famille en 1825, partageait le site avant que leurs productions ne fusionnent totalement en 1837 pour ne donner qu'une seule et même distillerie : Lagavulin.

La distillerie se fait connaître du grand public en 1862, après son rachat par le Blender (assembleur) John Logan Mackie. Son neveu Peter J. Mackie reprend la production de Lagavulin en 1889. Sir Peter Mackie est l'une des figures prééminentes du Whisky de la fin du XIXe siècle. Il crée le Blended Whisky White Horse en 1890 et co-fonde la distillerie Craigellachie (située dans la région de Whisky du Speyside).

En 1908, Mackie construit une réplique de la distillerie Laphroaig, située à 3 kilomètres, qu'il appelle Malt Mill. Mais pourquoi construire cette distillerie juste en face de Lagavulin ?

Lagavulin était le distributeur officiel de Laphroaig depuis plusieurs années, mais en 1907, cette dernière souhaite commercialiser seule son Whisky. En colère car privé de juteuses recettes, Mackie bâtit d'abord un barrage sur les terres de Lagavulin afin de bloquer en amont l'approvisionnement en eau de sa voisine, mais il est contraint de le détruire par décision de justice. Il tente ensuite de prendre le contrôle de Laphroaig, en vain.

C'est alors qu'il crée la distillerie Malt Mill. Connaissant parfaitement les équipements de Laphroaig, il souhaite les reproduire à l'identique et proposer le même Whisky pour lui faire du tort. Mais le résultat et le succès ne seront pas au rendez-vous.

En 1924, Mackie & Company, la société qui exploite la distillerie, est renommée White Horse Distillers. Elle est intégrée 3 ans plus tard à DCL (Distillers Company Limited) qui devient par la suite Diageo, actuel propriétaire de la distillerie.

En 1941, Lagavulin ferme pour le reste de la Seconde Guerre mondiale. Dix ans plus tard, un incendie ravage le site. La distillerie Malt Mill ferme en 1960, et les malteries de Lagavulin en 1974. Lors de la reconstruction de Lagavulin en 1962, le bâtiment principal de Malt Mill est intégré au projet : c'est aujourd'hui le centre d'accueil des visiteurs et les bureaux administratifs.

La distillerie fonctionne à présent en continu pour répondre à une demande en constante augmentation. Bien que les temps de fermentation aient été réduits, la seconde distillation, via des alambics en forme de poire, demeure très longue (environ 9h). L'étape de brassage à Lagavulin ne comprend que 2 cycles (une 1ère eau et une 2nd eau), ce qui est assez inhabituel.

Bien que la distillerie Lagavulin reçoive un malt identique à celui livré à Caol Ila dans le nord-est de l'île, leurs différences sont pourtant notables :

> Style et durée de distillation (têtes de distillation plus longues, cœur de chauffe plus court, queues de distillation moins redistillées, remplissage des alambics bien plus important pour Lagavulin, réduisant ainsi le contact avec le cuivre, etc.) ;

> Taille et forme des alambics (plus petits pour Lagavulin, les Spirit Stills en forme de poire), longueur et inclinaison des Bras Lyne ;

Les points les plus différenciants d'un point de vue aromatique sont sans doute le niveau de tourbe plus important pour Lagavulin, avec des notes plus épicées et carnées. Son distillat est plutôt charpenté quand celui de Caol Ila est réputé léger.

Lagavulin propose néanmoins les Single Malt Whiskies tourbés parmi les plus populaires au monde, à la fois salins, onctueux et ronds.