Laphroaig, distillerie d'Écosse

Si tant de distilleries d'Islay voient le jour, c'est en partie grâce à Walker Frederick Campbell. En tant que Laird (propriétaire terrien) consciencieux, il souhaite lancer de nouvelles entreprises sur l'île. Déjà réputée pour son alcool de contrebande, la distillation légale est donc la suite logique.

C'est en 1815 que les frères Alexander et Donald Johnston construisent une distillerie qui porte le nom de Laphroaig (prononcez Lafroïg). Donald, à la tête de la distillerie, meurt en 1847. Elle reste toutefois sous le contrôle de D. Johnston & Company jusque dans les années 1960 avant d'être intégrée à un grand groupe.

Sa notoriété commence au début du XXe siècle avec l'arrivée de l'arrière-petit-fils de Donald, Ian Hunter. Dans les années 1920, le Whisky de Laphroaig est vendu en tant que Single Malt et, en 1924, le nombre d'alambics passe de 2 à 4. À la mort de Ian Hunter en 1954, la distillerie est dirigée par son assistante Elisabeth "Bessie" Williamson, considérée comme un véritable pilier de la communauté locale.

Seager Evans & Company, société propriété du distillateur américain Schenley, rachète la distillerie en 1967. Lorsque Bessie prend sa retraite en 1972, on compte 7 alambics.

La distillerie passe entre plusieurs mains avant son acquisition en 2005 par Jim Beam. Entre-temps, le Prince Charles accorde à son Single Malt préféré son Royal Warrant (mandat royal). La même année, en 1994, l'association Friends Of Laphroaig est lancée, la première du nouveau phénomène des associations de membres.

En 2004, Laphroaig lance son expression Quarter Cask, un Non-Age Statement (NAS), c'est-à-dire un Single Malt sans indication d'âge (3 ans minimum). Cette nouveauté marque un virage dans l'industrie du Whisky écossais car aujourd'hui, nombreuses sont les distilleries qui proposent des Single Malts de ce type.

En 2014, Suntory rachète Jim Beam, le groupe Beam Suntory devient le groupe mère, lui-même filiale de Suntory Holdings, toujours propriétaire de la distillerie ainsi que de celle de Bowmore. En juin 2021, la distillerie reçoit l'autorisation de construire 2 nouveaux chais sur l'île.

Malgré l'envergure de Laphroaig, elle a conservé ses propres Malting Floors (aires de maltage) qui répondent à environ 20% de ses besoins. Le reste du malt provient de la malterie voisine Port Ellen. Le malt produit par la distillerie est plus tourbé (de 40 à 60 PPM) que celui provenant de la malterie Port Ellen (de 35 à 45 PPM) et fait l'objet d'un traitement différencié, du brassage à la maturation du distillat.

Laphroaig se caractérise par des Whiskies tourbés aux notes à la fois goudronneuses, fruitées, rondes et sucrées. Elles sont dues au style de distillation et au type de fûts utilisés, principalement des anciens fûts de Bourbon. Ces derniers sont devenus la norme chez Laphroaig après la prohibition, lorsque Ian Hunter commence à voyager aux États-Unis.

Toutefois, quelques anciens fûts de Sherry (vin de Xérès) font partie de sa gamme, principalement utilisés pour de plus longues maturations.

Laphroaig a la particularité de posséder un nombre impair d'alambics, fait très inhabituel que l'on retrouve aussi chez Springbank ou encore Talisker.

Elle compte 3 Wash Stills (alambics de première distillation) et 4 Spirit Stills (alambics de seconde distillation), dont 1 alambic presque 2 fois plus grand que les 3 autres. Ces derniers ont des formes peu communes : des bouilloires semi-sphériques alors que le plus grand Spirit Still (alambic de seconde distillation) a une bouilloire en forme classique d'oignon.